Detroit Become Human : les chemins de la liberté

J’étais assez curieux de découvrir le dernier né de Quantic Dream. En effet, c’est un studio français qui a développé quelques jeux très connus dont Heavy Rain et le plus tout jeune Nomad Soul. Surtout, j’avais espoir de découvrir un univers d’anticipation à la Deus Ex qui allait me faire réfléchir, espérer et flipper sur ce que pourraient être l’avenir des interactions hommes – machines. Et le moins que je puisse dire, c’est que je n’ai pas été déçu !

Un univers entre Black Mirror et Westworld

L’action se déroule dans un futur proche ou l’humanité a réussi à créer des androïdes possédant tous les attributs physiques des êtres humains, à l’exception du sang qui est bleu – un liquide biochimique sans aucun lien avec la noblesse. Cet impressionnant hardware va de pair avec une intelligence artificielle évoluée. Celle-ci leur permet de s’intégrer dans nos vies et d’interagir, de ressentir des émotions, d’apprendre comme un être humain. Au point de pouvoir nous remplacer sur des tâches variées (bricolage, cuisine, garde, ménage et autres travaux physiques). La cohabitation soulève son lot de challenges que l’on découvre à travers l’excellente mise en scène. C’est ainsi que l’on rentre petit à petit dans le malaise d’une société humaine en pleine révolution robotique oscillant entre chômage de masse, dépendance à la technologie et autres abus (sexuel notamment) liés à cette évolution. L’élément déclencheur de l’histoire sera la libération d’un premier androïde qui va se doter d’un libre arbitre et prendre en otage son propriétaire, révélant au monde la première prise de conscience de cette forme de vie synthétique voulant s’émanciper de son code source : un déviant.

La proie, le chasseur et la fugitive

Tu incarnes trois androïdes à tour de rôle dans des séquences de jeux qui ressemblent à du point and clic modernisé avec des séances de QTE qui donnent beaucoup de rythme. Les environnements sont très variés et tu as l’impression d’être dans un film interactif grâce aux nombreuses possibilités offertes par le level design afin parvenir à ton objectif avec son lot de conséquences. J’ai vraiment aimé la diversité des situations dans lequel le jeu te plonge (parfois très dures, très sombres) et de l’intensité qui est savamment dosée pour alterner des situations TRES stressantes (suivre les ordres ou sauver une enfant ? Sacrifier une personne pour un plus grand bien ? Fuir pour sa vie ou la risquer pour sauver un innocent ?) avec des moments bien plus contemplatifs où tu peux entrer dans le quotidien des androïdes et des personnes. D’ailleurs la réalisation est à l’avenant et on s’immerge d’autant plus facilement dans cet univers regorgeant de détails comme les passants qui vous dévisage si vous ne traversez pas sur un passage piéton.

Un scénario à stocker dans une base de données

LE point qui m’a le plus séduit est la qualité de la narration et sa richesse, composée de centaines de choix que l’on fait plus au moins consciemment en fonction de comment on joue. Dormir dans une voiture ou dans un hôtel changera complètement la suite de l’aventure, des rencontres se feront ou non et quand on sait que sa façon de réagir mais aussi de réussir les phases d’actions a une influence directe sur la conclusion de l’histoire, on se retrouve assez vite dans une histoire captivante sur laquelle on sent vraiment avoir la main. Et cela donne au jeu une re-jouabilité excellente pour le genre car l’on veut voir tous les dénouements possibles. Sachant que dans le niveau de difficulté standard (que je vous recommande dès la première partie), les personnages que l’on incarne peuvent mourir, ce qui change drastiquement l’aventure, en supprimant des pans entiers ! Ce qui renforce l’immersion car on se met à vraiment stresser pour son personnage et à se mettre à fond pour réfléchir et s’adapter à toutes les situations. Bref, on ne voit pas les heures défiler, on prend plaisir à revenir en arrière pour découvrir d’autres chemins et certains passages vont me marquer durablement.