Un peu de contexte avant de se lancer dans le jeu car -fait rarissime, Kena B.O.S. a été réalisé par Ember Lab,un studio d’animation créé en 2009. Jusque là spécialisé dans les films d’animations (notamment le court-métrage ‘Terrible Fate‘ inspiré de l’univers de Zelda), il s’agit de leur premier jeu vidéo. C’est assez rare qu’un studio d’animation produise un jeu vidéo, bon de surcroît et surtout avec une équipe de 14 personnes. Comme quoi, 1 personne douée, entraînée et motivée peut faire le travail de 10.

Travalling verticale, écran titre et musique façon la Comté : ça fait toujours son petit effet

Un film d’animation interactif

Dès les premiers instants, le rendu du jeu en impose : une jeune héroïne s’aventurant dans une grotte très ancienne, fourmillant de détails éclairés par le reflet bleuté de son bâton et d’un étrange pouvoir lui permettant d’invoquer une aura autour d’elle. A l’aspect rassurant, sage comme une image, Kenna tranche avec la corruption qui semble envahir peu à peu les tréfonds de la caverne que nous explorons.

En progressant au sein des profondeurs, la source du mal rongeant les environs apparaît brièvement … avant de disparaître pour un temps en laissant la place à un environnement ouvert et idyllique, peuplée de créatures mignonnes, les « Rots » . Une ballade en forêt et quelques combats contre des créatures maléfiques (comprenez, avec des yeux rouges, un design sombre et une capacité de pop à l’infini) plus tard, notre héroïne et ses nouveaux compagnons qu’elle recrute au fur et à mesure du chemin atteignent le Village.

C’est beau

Un scénario simple mais prenant

Catastrophe prévisible, notre étrangère découvre que la corruption s’est durablement installée dans le village et a décimé ses habitants. Pire, les âmes de ces derniers sont restées bloquées dans le monde des vivants, incapables de trouver le repos et de suivre l’ordre naturel établi. Pour les libérer, Kena qui est une guideuse d’âme (comme le nom du jeu le laissait entendre) va donc parcourir la région pour venir en aide aux différentes personnes – souvent sous formes d’esprits. Pour cela, un mystérieux vieillard lui donnera des masques rituels lui permettant de communiquer avec le monde des esprits.

Chaque grand jeu à son petit vieux prodiguant conseils et missions, tout en gardant sournoisement les artefacts pour vous les donner « le moment voulu »

On comprend alors que sans raison apparente, les récoltes se sont peu à peu raréfiées condamnant les habitants du village à la famine. Malgré tous leurs efforts et prières, le cycle n’a pas pu être inversé et ils ont été contraint de fuir leurs terres ancestrales. Cependant le chef du village n’a pas accepté ce sacrifice et a perturbé le cycle naturel dans une vaine tentative d’inverser le cour des choses, semant la corruption et la mort de la plupart de son peuple. Ce qui pour un guide des esprits comme nous est du pain béni : du travail à ne plus savoir quoi faire !

On se retrouve donc à découvrir un monde très varié dans un style de progression linéaire, région par région. Chaque zone suivra un plan pré-établi : explorer les environs pour trouver un adjuvant servant de guide, trouver 3 reliques permettant d’invoquer l’esprit causant la perturbation dans la région et le battre au cours d’un combat de boss redoutable.

On croisera rarement d’autres personnages mais ils seront attachants

Un challenge relevé

Je ne vais pas me la jouer, j’ai abaissé le niveau de difficulté à « Facile » dès le premier boss. Il suffit de lire le nombre de requêtes Google et de vidéos-tuto pour se convaincre que je ne suis pas le seul à avoir trouvé la difficulté au rendez-vous. Autant les trash mobs (= les ennemis basiques que l’on croise tout au long de l’aventure) sont intéressants, variés et surmontables, autant les boss sont énervants. C’est dommage, car j’ai trouvé le challenge tantôt ennuyant, tantôt infernal : il manque un équilibrage du mode normal pour lui donner de l’intérêt. D’autant que le gameplay est plutôt bien fait, avec quelques armes intéressantes même si vers la fin de l’aventure, on finit par ne plus apprendre de nouvelles capacités et cela donne le sentiment de s’ennuyer un peu ….

Je peux vous dire que vous allez douiller

Un jeu AA

La qualité graphique nous fait souvent oublié que le jeu a été réalisé avec un budget minuscule mais la pauvreté de son contenu nous ramène à la triste réalité économique. Le village possède bien quelques quêtes annexes visant à libérer les âmes des villageois décédés mais cela se résume souvent à éradiquer moult monstres. Certes, il y a aussi bon nombre de collectibles et de petites énigmes mais ce n’est pas suffisant pour venir renforcer une durée de vie assez faible (10 – 12 heures). Les graphismes, spectaculaires, nous font effectivement oublier que le studio à l’origine du développement est très petit par rapport au standard de l’industrie et n’a pas pu produire tout le contenu que des concurrents pas plus beaux mais mieux financés peuvent offrir. Ce n’est pas grave, Kena reste un jeu rafraîchissant dans son design et même s’il est très convenu dans son gameplay et level design (sans oublier une difficulté mal dosée), j’en garde un bon souvenir. Mention petit jeu sympa quoi. Hâte de voir ce que le studio produira pour son prochain jeu, avec plus de moyens 🙂